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Parcours inspirant #11 : Mélanie Taquet
28 juin 2020
Mélanie Taquet est une auteure récurrente chez Eyrolles : Reste aussi longtemps que tu voudras, Reviens quand tu voudras... et maintenant, Réponds-moi. Pourtant, elle n'a que 33 ans : comment a-t-elle fait ?

Eh bien elle a utilisé l'auto-édition, pardi ! Tout s'est enchaîné très vite à partir du moment où elle est passée par Librinova.

Pour autant, elle continue d'auto-éditer certains textes. Pour découvrir comment cette alchimie est possible et même puissante dans une carrière d'écrivain, retrouvez le parcours et les conseils de celle qui aime « l'humain et ses zones grises », et qui pense que « l'amour est la seule arme pour nous sauver ».
➡➡Bonjour Mélanie. Et si vous vous présentiez en deux mots, pour commencer ?⬅⬅

Je m'appelle Mélanie Taquet, j'ai 33 ans, je réside à Montpellier après avoir baroudé un peu. Je travaille comme traductrice interprète dans un centre de formation, je fais de la danse et j'adore la pastèque. Formée dans l'éducation Montessori, cette pédagogie a su me donner la confiance en moi et le goût de la persévérance nécessaires à l'écriture d'un roman.

➡➡C’est intéressant ! La réputation de cette pédagogie est d’être très basée sur l’autonomisation de l’enfant, très tôt. C’est certainement une qualité qui permet de surmonter l’angoisse de la page blanche plus naturellement, et de ne pas hésiter à mettre en place des stratégies pour aller au bout de vos projets.⬅⬅

C’est certain. Désormais il n'y a plus de sommets à gravir, simplement un pied à mettre devant l'autre. Je suis autrice depuis 3 ans, j'ai écris 4 roman alors que 15 ans plus tôt je me disais incapable d'en écrire un ! Et je ne sais pas si je m'arrêterai un jour. Ah oui, je dis autrice ! Et regardez, aucune bouche de l'enfer ne s'est ouverte sous mes pieds, je n'ai pas été foudroyée sur place non plus.

➡➡Mais cela va très bien avec vos personnages féminins forts et indépendants ! Et puis c’était le terme usuel avant que le 17ème siècle ne s’en mêle… d’ailleurs, dans vos lectures : plutôt classique, ou contemporain ? Plutôt édition à compte d’éditeur ou auto-édition ? Plutôt numérique ou papier ?⬅⬅

Je lis de tout, sur tous les formats ! J'aime le papier, mais avec mes insomnies, plus facile de lire sur liseuse au milieu de la nuit. Quant aux livres audio, j'aime les écouter quand je vais marcher, dans le bus ou à la salle de sport. Mon premier a été Petit Pays de Gaël Faye lu par l'auteur, un coup de cœur ! J'admire vraiment cet artiste et entendre le musicien lui-même lire ses mots a quelque chose de magique.

Et quand je dis que je lis de tout, ça va bien au-delà de la littérature contemporaine : je lis de l'édité, de l'auto-édité, du populaire, du plus dense... J'ai aimé les classiques découverts au lycée (Cohen, Breton, Hugo, Zola, Maupassant, Giono...) et je suis en train d'y revenir afin de savourer la langue. C'est une façon pour moi d'évoluer, de relire ces textes avec un œil plus technique. La lecture nourrit les écrits.

➡➡Vous citez des auteurs qui ont écrit des histoires d’amour fortes… je pense évidemment avant tout à Belle du seigneur. Mais il y a aussi un arrière-plan en prise avec les réalités de leur société contemporaine. Tout cela, on le retrouve dans vos romans : de l’amour, entre personnages résolument d’aujourd’hui. Le dernier, Réponds-moi, vient de sortir le 25 juin. Est-ce le parfait roman pour cet été ?⬅⬅

Certainement ! Réponds-moi est un roman épistolaire moderne, un échange d'e-mails entre un homme et une femme qui se sont aimés au début de leur vie d'adulte, et qui n'arrivent pas tout à fait à se lâcher, sans vouloir nécessairement finir ensemble. Il vient questionner tout ce qui existe autour de la frontière entre amour et amitié. Il est édité chez Eyrolles, c'est mon troisième roman. Il plaira, j'en suis sûre, à tous ceux qui aiment les belles histoires qui peuvent se nouer entre un homme et une femme.

➡➡Quels univers vous inspirent ?⬅⬅

J'aime la vie, ses paradoxes, ses fulgurances. L'humain et ses zones grises. L'amour, seule arme pour nous sauver.

➡➡De l'univers de quel auteur aimeriez-vous qu'on vous dise proche ?⬅⬅

On dit que je m'approche d'Anna Gavalda, de Katherine Pancol, d'Agnès Ledig... Je n'ai pas encore tout lu d'elles, difficile de me prononcer. Je ne cherche pas à « faire du », mais je comprends à demi-mots que ce sont leurs univers féminins, leurs explorations du sentiment amoureux qui font qu’on me rapproche d’elles, et je ne m'en plains pas. Mais je fais surtout du Mélanie Taquet, je crois :) : c'est-à-dire que je ne m'interdis pas de bifurquer vers d'autres thématiques et d'autres genres, d'ailleurs c'est le cas pour mes prochains projets ! Écrire le même roman encore et encore pour faire monter les ventes ne m'intéresse pas.

➡➡Pour vos débuts, vous êtes passée par l’auto-édition. Pourquoi ce choix ?⬅⬅

Pour la simplicité de mise en œuvre, les revenus qui ne lèsent pas l'auteur (je ne m'interdis d'ailleurs pas d'y retourner). Il faut obtenir une bonne visibilité, mais une fois que c'est fait, c'est un cercle vertueux. Ça a été le cas pour mon premier roman, Une vita pas si dolce, qui a rapidement été dans le top 5 des ventes Kobo (j'ai même dépassé Musso un jour ! Wahou !). À partir de là, j'avais deux choix, rester en auto-édition ou tenter l'aventure de l'édition traditionnelle avec une des maisons qui me faisaient de l'œil par l'intermédiaire d'Andrea, l'agent littéraire de Librinova. J'ai choisi la deuxième option et j'ai signé chez Eyrolles, notamment parce que j'ai de grandes affinités avec mon éditrice, Stéphanie. Elle croit beaucoup en moi, me soutient, me conseille et m'aide à grandir en tant qu'autrice. C'est ce qui me manquait en auto-édition, un vrai accompagnement, et je le fais en échange d'un sacrifice financier. C'est comme cela que Une vita pas si dolce est devenu Reste aussi longtemps que tu voudras (sortie poche le 2 juillet 2020).

➡➡Somme toute, en passant à l’édition, on échange de la liberté contre de la professionnalisation. Par quelle solution êtes-vous passée ?⬅⬅

Je continue de travailler avec Librinova. Je trouve l'équipe de Librinova professionnelle, efficace, et leur plateforme simple d'utilisation. J'ai toujours fait appel à eux.

L'auto-édition permet de publier des textes qui ne verraient jamais je jour dans le système traditionnel de par leur simple format : nouvelles, novela, récit court, poèmes... J'ai deux ouvrages en auto-édition actuellement : L'instinct des innocents, un recueil de nouvelles, et La dissonante mélodie des souvenirs, un récit de Noël. Si un manuscrit est refusé aussi, je ne m'interdis pas de l'auto-éditer. Ça a été le cas de Starling, un de mes romans à paraître en février 2021 chez Eyrolles : ils me l'avaient tout d'abord refusé, je l'ai auto-édité, il a eu bonne presse auprès du public et mon éditrice est revenue sur sa décision. Cela m'a permis de voir que ce roman pouvait conquérir ses lecteurs, même s’il est quelque peu hors des codes de la romance ou du feel-good : mon personnage principal est une autrice qui suit son propre chemin initiatique, refuse d’être cataloguée dans un genre, et cette mise en abyme, inhabituelle, les a séduits.

➡➡Alors ça, c’est très intéressant… finalement, l’auto-édition apparaît comme complémentaire de l’édition à compte d’éditeur ! Pour terminer, quel conseil donneriez-vous à un auteur qui souhaiterait s’auto-éditer ?⬅⬅

De bien travailler son texte, sa couverture et sa communication. Je sais que ça paraît bateau, mais c'est la base. Il faut à mon sens que le livre ait vraiment une facture professionnelle avant d’être diffusé. Un éditeur le retravaillera, c’est certain ; mais il faut que les lecteurs puissent se projeter dans un texte déjà abouti. Pour la couverture de mon premier roman, j'avais écumé les sites de banques d'images comme shutterstock ou istock pour trouver LA photo. J'y ai passé des heures. Ceci dit, je crois qu'il y a aussi une grande part de mystère sur les ventes : pourquoi certains romans se vendent et d'autres, tout aussi bons et de qualité, non ? C'est la même chose dans le secteur traditionnel. Je dirais donc de faire tout ce qu'il faut et de se concentrer sur ce que l'on maitrise : texte, couv et com – la sainte trinité, TCC. Ne pas hésiter à faire appel à d'autres, aussi, pour produire un livre digne des librairies.

➡➡Mélanie, merci de nous faire profiter de vos conseils. Quel concours lancez-vous avec cet interview ?⬅⬅

La Maison d'édition Eyrolles vous propose de remporter deux exemplaires dédicacés de Réponds-moi.

➡➡Ce sera en ligne sur déjàlu.fr la semaine du 29 juin. D’ailleurs, à propos de déjàlu.fr… comment un auteur auto-édité peut-il s'appuyer sur ce réseau ?⬅⬅

C’est un réseau social littéraire, qui permet de fédérer des communautés de lecteurs autour d’un thème qui les intéresse : cela peut apporter une visibilité qui peut faire parfois défaut. Aujourd’hui, je réponds aux questions d’un club sur le thème de l’auto-édition, et j’espère que mon expérience d’autrice hybride va inspirer les lecteurs pour leur propre cheminement… et pour lire Réponds-moi !