Pain d'alouette - Tome 1

Première époque
(Futuropolis)
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Après L'Aigle sans orteils, récompensé par de nombreux prix, Lax nous entraîne en avril 1919, du côté des pavés de « L'enfer du Nord » de la course cycliste Paris-Roubaix, dans un bel album en forme d'hommage aux coureurs cyclistes, au vélo et à la culture ouvrière qui l'a vu grandir.

Dans L'Aigle sans orteils, Christian Lax racontait l'histoire d'un coureur cycliste, Amédée Farlo, dont le destin devait trouver une issue tragique à la fin de l'album. Dans Pain d'alouette, Lax poursuit l'aventure d'Amédée en croisant les destins de ses anciens compagnons de vélo et de sa petite fille de quatre ans, Reine, confiée à un orphelinat. L'histoire se déroule au sortir du premier conflit mondial, dans le Nord, terre de mineurs et de cette culture ouvrière à laquelle Lax se montre particulièrement sensible, mais aussi de cette course mythique qu'est Paris-Roubaix, baptisée « L'Enfer du Nord » à cause de ses pavés redoutés de tous les concurrents. A travers les portraits de Quentin Ternois, ancien coureur gazé à Ypres et désormais privé de vélo, de son neveu Elie qu'il initie à la beauté de Paris-Roubaix, du père de celui-ci qui n'a qu'une crainte, voir son fils abandonner la mine pour embrasser la carrière de cycliste, mais aussi de Camille Peyroulet, homme généreux et engagé qui décide de prendre en charge la petite Reine - clin d'oil amusant au surnom que l'on donne à la bicyclette -, Christian Lax salue tous ces travailleurs de l'ombre, tous ces forçats de la mine et de la route et, par la même occasion, son grand-père ouvrier qu'il regardait partir, tôt le matin, en bleu de travail avec sa gamelle et sa dignité. Lui-même passionné de cyclisme et adepte de la montée des cols du Tour de France pendant ses vacances, Lax raconte dans ce livre tout son amour du vélo et des échappées belles en pleine nature. Il dit aussi toute sa fidélité à la classe ouvrière au sein de laquelle il a grandi. Une nouvelle fois, le dessinateur a su faire évoluer sa palette graphique, comme il a renouvelé son style avec sa série noire mettant en scène le Choucas, ce détective pas comme les autres qui a choisi de devenir « privé » après avoir perdu son travail en usine. Et, une fois de plus, la couleur est un élément central de son univers, avec ces longues traînées de jaune - allusion à un célèbre maillot ?-, et de brun, entrecoupées de tons plus sombres pour les scènes se déroulant sous la terre, au fond de la mine où souffrent plusieurs des protagonistes de ce récit émouvant, traité à l'encre et à l'aquarelle parfois rehaussées de graphite, de gouache et de pastels. Pain d'alouette - une expression qui désigne « quelques morceaux de son casse-croûte que chaque père garde dans sa musette pour ses enfants. C'est rassis à s'en briser une dent, ça sent la sueur et ça a un goût de charbon, mais ça vient du fond » - est un bel album où Lax rend hommage à toutes ces cultures, celle de la classe ouvrière et celle du vélo, qui ont nourri sa jeunesse et lui ont permis de devenir l'homme et l'auteur généreux qu'il est aujourd'hui.
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