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Parcours inspirant #5 : Valérie van Oost
24 novembre 2019
Valérie van Oost a auto-édité Hurler sans bruit il y a un an, et nous avons été plus de mille à le lire, ce qui lui a permis de décrocher un contrat d'agent chez Librinova, qui présente actuellement son roman à des éditeurs.

Je l'ai lu : j'ai été emportée. C'est un excellent roman, un roman générationnel - pour ma génération, justement. Un livre qui convoque des émotions fortes, déchirantes, vécues, auxquelles nous pouvons totalement nous identifier.

Mais chacun sait que ce n'est pas suffisant : il faut se faire connaître. Alors comment a-t-elle fait ? Elle est consultante éditoriale, ancienne journaliste, elle a avancé la sortie de son roman pour répondre à la sollicitation d'un contact à BFM TV : est-ce le secret de son succès ? Bien sûr que non. Ça, c'est ce qui se voit. Le secret est plutôt son plan minutieusement pensé, qu'elle décrit dans son interview, que je vous engage donc à lire car il est très inspirant !

Si cela vous donne envie de lire Hurler sans bruit, un concours sera lancé le lundi 2 décembre pour en gagner trois exemplaires dédicacés par l'auteure. Ne le manquez pas !
1- Quelle DéLectrice êtes-vous ?

Qui êtes-vous ?
J’ai toujours lu et écrit. Les deux sont intimement liés. J’ai été journaliste, je travaille à présent dans la communication éditoriale, écrire est mon quotidien. Même si j’ai osé écrire mon premier roman tardivement. Je suis une DéLectrice qui a un rapport charnel aux livres. J’aime avoir des livres autour de moi, j’aime les toucher. Et, évidemment, m’en délecter. Une maison sans livres me glace.

Plutôt classique/contemporain ?
Je lis plus de romans contemporains, je cède à la facilité de l’actualité littéraire, sans m’interdire d’autres découvertes ou les classiques. Je me laisse guider par mes envies. Les lectures peuvent être liées à des moments de vie. Ainsi « Guerre et Paix » de Tolstoï est associé à mes nuits d’insomnie pendant une de mes grossesses ! En Russie, cet été, j’ai emporté « La promesse de l’aube » de Romain Gary. La lecture fait partie du voyage. J’aime lire de la littérature contemporaine italienne et anglaise. En ce moment, je lis « Le cœur de l’Angleterre » de Jonathan Coe. Côté Français, j’apprécie beaucoup Delphine de Vigan, Lionel Duroy, Virginie Despentes…

Plutôt édition classique/auto-édition ?
J’ai découvert les auto-édités à l’occasion de ma démarche d’auto-édition. J’ai découvert un monde passionnant et de passionnés. J’avoue lire davantage des auteurs avec qui j’ai échangé via Librinova ou sur des salons du livre. Cela reste moins évident de suivre l’actualité de l’auto-édition.

Plutôt numérique/papier ?
Je suis très papier. J’aime l’ambiance des librairies, partager des livres avec des amis. Mais la frustration de ne pas avoir un livre dont j’ai envie immédiatement pourrait me faire basculer dans le numérique. Il faudrait aussi que je teste les livres audio. Ecouter Guillaume Gallienne lire des classiques sur France Inter est assez envoûtant.

2- Votre univers d'écrivain.

Parlez-nous de votre livre...
« Hurler sans bruit » est mon premier roman. Il s’agit d’une histoire d’amitié entre trois femmes à travers des questionnements sur la maternité. Chacune a un rapport singulier à la maternité : la mère « parfaite », celle qui n’a pas eu d’enfant… C’est une histoire que je portais depuis longtemps, les interrogations sur la relation des femmes à la maternité traversaient déjà des nouvelles, des sujets traités dans mon travail de journaliste. C’est un sujet de société qui m’intéresse. J’ai été touchée par les avis de lectrices qui se retrouvaient dans un ou plusieurs de mes personnages.

Quels univers vous inspirent ?
Des lectures très différentes me nourrissent… Les livres comme des portraits de presse. Cela peut être des portraits de Libération, la précision du vocabulaire d’Amélie Nothomb qui m’impressionne, la sensibilité de Delphine de Vigan, la littérature de l’intime en général… On me dit assez empathique, j’observe et j’écoute beaucoup les gens. C’est la matière à partir de laquelle j’aime travailler.

De l'univers de quel auteur aimeriez-vous qu'on vous dise proche ?
En toute prétention, j’aimerais beaucoup qu’on dise que j’ai mon propre univers ! Mais, je serais très honorée si on me disait proche des univers d’Annie Ernaux, Delphine de Vigan ou de « Chaos calme » de Sandro Veronesi.

3- L'auto-édition et vous

Pourquoi l'auto-édition ?
J’ai envoyé des manuscrits à des éditeurs avec des retours parfois positifs, toujours suivi d’un « mais »… Ces « mais » étaient différents, parfois même contradictoires, ce qui ne me donnait aucune piste pour améliorer mon travail. Mon entourage m’a encouragé à contacter plus d’éditeurs. Mais j’avais l’impression de faire face à un mur. Je n’avais pas envie de persévérer dans une démarche que je ne trouvais pas constructive. J’avais envie de trouver un éditeur pour améliorer mon travail, le pousser plus loin.

Par quelle solution êtes-vous passée ? Qu'en pensez-vous ?
J’ai rencontré les équipes de Librinova sur le salon du livre à Paris. J’ai été convaincue parce que je voulais me lancer dans l’auto-édition de manière professionnelle. Je trouve qu’on a une certaine responsabilité quand on publie (ça doit être mon côté journaliste…). L’équipe est réactive, présente, bienveillante. Je me suis vraiment sentie accompagnée, soutenue. Et moins seule avec la communauté librinovienne !

Quels conseils donneriez-vous à un auteur qui souhaiterait se faire auto-éditer ?
Avant de poser un point final (que j’ai eu du mal à poser d’ailleurs), j’ai fait relire mon texte par de bons lecteurs (sympas mais sans prendre de gants). A un moment, on ne peut plus retravailler son texte seul, sans regards extérieurs critiques et constructifs.

Mais après tout ce travail, ce n’est pas terminé, il y a le nerf de la guerre : la promotion.

Ancienne journaliste, j’ai évidemment des réflexes en termes de communication et accès à des pros de la com qui m’ont donné des conseils. Ne connaissant pas vraiment la promotion des livres, je me suis « formée ». Tout le monde peut profiter des conseils et astuces qu’on trouve sur Internet. Il existe des groupes Facebook (celui des auteurs Librinova, Entr’auteurs, Auto-édités ambitieux…), des blogs avec beaucoup de conseils (Librinova, Mécanismes d’histoires, Marilysestories, le canadien Dominic Bellavance). Il y a des sites de formations payants pour la com des auteurs ou pour maitriser les réseaux sociaux. On peut parfois bénéficier de Masterclass gratuits. Ainsi, Marylise Trécourt s’est prêtée au jeu en ligne, ainsi qu’au salon du livre sur le stand de Librinova. Ses conseils m’ont été précieux. Livementor propose aussi des ateliers gratuits sur l’utilisation d’Instagram.

Avec tout ça, vous devez penser que j’ai lancé mon livre avec un plan de communication hyper cadré. C’est ce que j’avais prévu, avec notamment un plan presse, parce que cela me paraissait important… Mais rien ne se passe jamais comme prévu ! Un ami journaliste chez BFM a trouvé qu’un sujet sur l’auto-édition était une bonne idée. Ce n’était pas dans mon timing, mais je n’allais pas refuser une interview ! La version numérique est sortie, à l’arrache, le jour de la diffusion du reportage, et la version brochée trois semaines après.

Avec le recul, c’est assez drôle. Je n’étais pas à l’aise sur le sujet de l’auto-édition (la fameuse angoisse de l’absence de légitimité), je n’avais pas encore organisé mon plan de com. Et en plus, le reportage n’a pas eu d’effet sur les ventes. Mais cela m’a donné un coup de pied aux fesses, m’a permis d’assumer de m’auto-éditer et je me suis servi de ce reportage comme d’un levier de communication. J’ai travaillé et optimisé mon fameux plan de com en même temps que je le mettais en œuvre, en pédalant très très vite pour rattraper une promo qui partait dans le désordre…

J’ai pris le temps d’envoyer des mails personnalisés, voire d’appeler, de rencontrer des personnes. J’ai fait plusieurs mailings pour des réseaux plus larges, de manières différenciées selon qu’ils s’agissent de vagues connaissances, de mon milieu professionnel, etc. J’ai eu beaucoup de retours bienveillants… Et évidemment cela génère des ventes. J’ai élaboré un planning éditorial de messages à poster sur les réseaux sociaux. J’ai démarché des blogueurs/chroniqueurs de manière personnalisée pour leur proposer de lire mon roman (en plus d’une présence sur NetGalley et Simplement.pro). Je me suis inscrite sur des salons.

Auprès de mon réseau, puis sur les réseaux sociaux, j’ai demandé à mes lecteurs de laisser des avis sur les plateformes où ils ont acheté « Hurler sans bruit ». C’est essentiel pour booster les ventes. Quand Librinova a négocié avec Amazon une vente flash pour mon roman, je ne pense pas qu’elle aurait eu autant d’impact si je n’avais pas déjà eu une vingtaine d’avis.

J’ai aussi passé du temps sur un communiqué de presse et des contacts presse. Mais cela s’est avéré peu rentable. La presse nationale s’intéresse peu aux auto-édités. Il me semble que c’est plus intéressant pour les auteurs en région de travailler la presse locale.

En repensant à toutes ces démarches, je m’aperçois que cela a bien fonctionné parce que j’ai soigné et personnalisé les contacts. Parce que j’ai osé, parler de moi ne m’est pas facile, et j’y ai mis beaucoup d’énergie. Bref, même sans connaître quelqu’un dans une chaine de télé, la promotion est accessible à tous. C’est « juste » un gros boulot. Mais après avoir mis ses tripes dans un roman, on a envie de lui trouver un public !

4- DéjàLu et vous

Comment un auteur auto-édité peut-il s'appuyer sur DéjàLu.fr ?
C’est une belle initiative de créer un espace d’échanges entre auto-édités et surtout de l’animer. Je trouve intéressant de le faire vivre avec des concours, des interviews. Il faut intégrer DéjàLu.fr dans son plan de communication, peut-être créer des clubs autour d’un thème en lien avec son univers littéraire… C’est une plateforme qui semble très ouverte.

Mes bonnes adresses sur Internet :
https://www.librinova.com/blog/
https://www.mecanismes-dhistoires.fr/
https://www.marilysestories.fr/blog/
https://www.dominicbellavance.com

Et pour compléter cet article :
https://www.librinova.com/blog/2019/10/02/comment-mobiliser-son-reseau-pour-faire-connaitre-son-livre/

Qu'en pensez-vous ?