Beauté des fleurs, pourriture et loi du meurtre

(Plume de carotte)
5.0 ( 1 votes )
Recommandé par
1 DéLecteurs

Voici l'un des 6 titres d'une nouvelle collection d'ouvrages proposant des textes de grands auteurs de la littérature mondiale sur la nature.
Chaque recueil, consacré à un auteur, propose une sélection d'extraits " oubliés " à l'intérieur de romans, récits de voyages, journaux intimes ou autres ouvrages, pour donner à lire de belles pages, des pages surprenantes, drôles, qui font rêver ou réfléchir sur le rapport de l'être humain à la nature...
Octave Mirbeau (1848-1917) a gardé, sa vie durant, à la fois une forte relation à la nature, une haine des pouvoirs oppressants et un rapport complexe à la sexualité. C'est d'ailleurs pour s'éloigner d'une femme qu'il se réfugie en Bretagne, à Audierne, en 1884 et fait l'expérience d'une retraite salutaire sur une côte sauvage et frustre. Il voulait y écrire un roman dédié à la terre, à cette nature qui sauve, qu'il aurait titré Rédemption. Il n'aboutira pas, mais remplira ses textes de sève et de fleurs vénéneuses, d'arbres solidement enracinés et de paysans à leur image, d'animaux dont il dira la vulnérabilité et la force des instincts.
Mirbeau se prend aussi de passion pour l'horticulture. Il s'installe en 1889 près de Giverny, où Monet a créé un jardin saturé de fleurs. Les deux hommes échangent graines, plants et bulbes...
Inquiet pour la faune sauvage, à une époque qui a vu l'avènement des théories de Darwin, Mirbeau renvoie l'homme à ses origines. Comme s'il avait voulu redire, d'une plume trempée dans l'humour noir, son impuissance d'artiste quand la nature sait, de la pourriture, faire jaillir les plus belles fleurs.

" Je vous dirai que j'aime les fleurs d'une passion presque monomaniaque. [...] Mais je n'aime pas les fleurs bêtes car, si blasphématoire que cela paraisse, il y a des fleurs bêtes, ou plutôt des fleurs, des pauvres fleurs à qui les horticulteurs ont communiqué leur bêtise contagieuse. "
Le concombre fugitif
Améliorer la fiche

Expériences livresques

Qu’en avez-vous pensé ?