Marcher sur son ombre

(Chant Voyelles)
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Jouer aux échecs contre soi-même est aussi paradoxal que de marcher sur son ombre, écrivait Stefan Zweig. C’est pourtant ce que Fabien s’obstine à faire dans la cellule de sa maison d’arrêt. Car les échecs effacent le temps.

Mais aujourd’hui, le jeu est fini, il doit quitter les lieux, retrouver sa vie d’avant, sa femme, sa fille, sa sœur. L’attente est longue, très longue, il a tout le temps de repenser à ce qu’il a vécu. Aux détenus qui ne supportent pas l’enfermement ou la dureté d’un gardien et qui pètent les plombs. A ceux qui rusent pour résister, grâce à l’humour ou à ce qui leur reste d’humanité.

Fabien, lui, est comme l’Étranger de Camus, il a passé ces années dans un état d’absence, une sorte d’indifférence morbide à tout ce qui l’entourait.

Mais il y a eu les visites de Hiba, sa femme. Trop belle, trop humaine, l’empêchant de sombrer dans l’étrangeté totale au monde.

Et sa fille, Elise, qu’il a préféré ne pas voir pendant toutes ces années, parce que, pensait-il, ce serait trop difficile pour une petite fille de se retrouver là, dans ce parloir sinistre.

Elise, pourtant, aurait bien aimé parler à son père, lui raconter ses exploits au tennis, sa chienne, les réflexions de ses copines, celles de sa grand-mère libanaise.

Donc, Fabien attend, dans une immobilité emplie de doutes et d’appréhension: que dira-t-il à Hiba, à Elise?

Et Elise avance vers lui, dans le train qui la rapproche de Grenoble, pleine de vie mais doutant de reconnaitre son père: aura-t-il les cheveux blancs?

Comment vont-ils se retrouver?

Un roman d’une grande sensibilité. Les personnages ont une présence singulière sans que jamais Isabelle Mercat-Maheu ne force le trait.
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