On ne peut pas tenir la mer entre ses mains

(Grasset)
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Comme le FLNC, Huma Benedetti est née en Corse en 1976, entourée des secrets de son histoire familiale, dans un climat de colère et de ressentiment muet. Mais tôt ou tard, les enfants devinent ce qu’on leur tait, et Huma aperçoit dans l’œil de ses ascendants le reflet du mystère soigneusement occulté.
Elle grandit dans une villa perchée sur un rocher, entourée d’une grand-mère acariâtre, d’une mère énigmatique et d’un père masquant sa sensibilité sous des kilos de muscles et de violence. Pour s’absoudre ou s’isoler, les parents confient leur fille en offrande à l’aïeule. Huma prend des leçons de piano, fait ses devoirs et partage même le lit d’une grand-mère qui la maltraite avec une âpreté curieusement vengeresse.
Au fil du roman, les histoires s’entrelacent, levant au fur et à mesure le voile sur le silence qui empoisonne trois générations. Que se passerait-il s’il était rompu ? La honte sur la famille ? Son implosion ? Pire encore ? De peur de révéler leur secret, ses gardiens assistent impuissants à la déliquescence de la famille et maintiennent entre eux une distance glaciale.
Cette distance, c’est aussi celle qui existe, géographique, irréductible, entre l’île et le continent reliés par le mystère d’une eau tour à tour brillante comme un miroir ou démontée comme une déesse vengeresse, une matière labile qui ne se laisse pas aisément appréhender. C’est aussi celle qu’entretiennent des tabous qui résistent au récit.
Pour raconter cette histoire, Laure Limongi retourne dans l’île de son enfance, vingt ans et dix livres après l’avoir quittée. Toute la palette de son écriture s’y déploie avec une maturité et une sensibilité rares.
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