Quelle petite phrase bouleversante au coeur d'un être

Proust, Freud, Spinoza
(Gallimard)
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«Rien n'est plus étonnant qu'un changement d'humeur. Rien de plus important. Même si cela peut sembler excessif, je le maintiens.
Je roulais un jour de tristes pensées, ayant perdu toute confiance en moi, en mes capacités intellectuelles, éperdument en quête d'un remède à mon anxiété. J'avais frappé à toutes les portes et la seule par où je pouvais entrer, que j'aurais cherchée en vain pendant cent ans, je m'y heurtai sans le savoir et comme par miracle elle s'ouvrit. Alors, d'un coup, revint mon appétit de vivre, s'évanouirent mes doutes sur moi-même, mon inquiétude quant à l'avenir. Tout était de nouveau possible.
Ces mots ont été utilisés par Proust, Freud, Spinoza pour décrire ce qui avait été la plus grande surprise de leur vie, la plus exaltante. Sans doute l'événement fondateur de leur œuvre. La sortie d'un montage qui les incarcérait.
Dans À la recherche du temps perdu, L'Interprétation des rêves, l'Éthique, ils ont inscrit la trace de cet instant décisif. Cet instant de joie, de liberté qu'ils ont tenté d'analyser pour être capables de la revivre. D'en retrouver la musique. Une fugue.
Des résistants évadés, c'est ce qu'il leur avait fallu être. Pour retrouver leur parole, pouvoir inventer leur vie, Marcel, Sigmund, Baruch ont dû détonner, refuser de chanter dans le chœur des mondains du Faubourg Saint-Germain, des médecins de Vienne, des rabbins d'Amsterdam. Comme certains aphasiques qui ne reconquièrent la capacité de manier les mots qu'en les liant à une mélodie nouvelle. Et la musique, ici, n'est pas qu'une métaphore.
Proust, Freud, Spinoza, la musique, le cerveau. Cette énumération apparemment hétéroclite a pourtant un sens. C'est le sens de ce livre.»
Max Dorra.
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