Véra ou Les nihilistes

Drame en un prologue et quatre actes
(Editions de l'Amandier)
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Véra ou les Nihilistes est la première pièce de théâtre d'Oscar Wilde, écrite au début des années 1880, à un peu plus de vingt ans et quelques dix ans avant ses oeuvres dramatiques les plus connues.
D'inspiration romantique, elle présente un certain intérêt historique par sa coïncidence avec plusieurs événements importants. Tout d'abord, elle fut écrite peu avant l'assassinat d'Alexandre II, tsar réformateur, dont on pourrait penser qu'Oscar Wilde souhaitait souligner les qualités et l'oeuvre réformatrice à travers le personnage d'Alexis.
Véritable hymne à la liberté des peuples (la mère d'Oscar Wilde, Spéranza, militait hardiment pour la cause de l'Irlande), elle arriva aussi à un moment critique de la crise irlandaise. Et bien qu'elle eût dû être jouée à Londres à cette époque - les répétitions étaient commencées - elle fut interdite.
Ce n'est que lors de la longue tournée de conférence de l'auteur aux États-Unis (1882-1883), qu'elle sera enfin montée. Elle ne tiendra que quelques jours l'affiche à New-York, mais poursuivra tout de même sa carrière en tournée.
Véritable oeuvre de jeunesse, d'inspiration romantique, empreinte de pureté et de naïveté, elle est intéressante à plus d'un point.
D'abord elle montre combien, dès ce coup d'essai, l'auteur maîtrise l'écriture dramatique. Et même s'il s'y exprime des sentiments que l'on ne retrouvera plus sous cette forme dans la suite de son oeuvre de théâtre, on y trouve déjà des touches de ce qui fait l'originalité d'Oscar Wilde. Ainsi, dans Véra ou les Nihilistes, de nombreux traits montrent combien l'auteur a déjà pris, malgré les apparences, du recul par rapport à la tradition du théâtre romantique : le cynisme jubilatoire et provoquant du Prince Paul Maraloffski, assaisonné de conditions culinaires du meilleur aloi, donne un côté attrayant au personnage et témoigne de la sympathie qu'Oscar Wilde lui accorde ; la naïveté obtuse et primaire des conspirateurs est déjà une marque de l'indépendance d'esprit de l'auteur ; la résignation réaliste que traduit le "bon sens populaire" de Pierre, le père de Véra, au prologue (Dieu et le tsar y pourvoiront...) est loin de la bienséance romantique.
Véra ou les Nihilistes est indissociable de l'oeuvre d'oscar Wilde et mérite d'être connue de tous ceux qui aiment cette oeuvre et cherchent à mieux l'apprécier.
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