Koumiko

(Rue des Promenades)
0.0 ( 0 votes )

Elle na pas le droit de sortir, mais on sen fiche, on sort. Elle enfile sa doudoune. En dessous, elle porte un tee-shirt et un survêtement. Je regarde la peau de ses chevilles fripée. Elle na pas ses bas de contention, elle dit que ça la serre trop. Jai beau lui expliquer que cest fait exprès, elle est convaincue que cest mauvais. Jinsiste, jai peur quelle meure dune embolie. « Il faut que tu mettes tes bas, cest important, maman. » Mes mots senfoncent comme dans un cauchemar dimpuissance. « On verra ça plus tard. Je peux pas tout faire, jai trop de choses à penser ! » Dun coup, je la crois. Que je minquiète pour rien, que je lemmerde pour rien. Quelle ne va jamais mourir, quelle na pas le temps de mourir, quil nen est pas question. Koumiko est l'occasion, pour, Anna Dubosc, non seulement de parler de sa mère qui s'enfonce dans la maladie, mais aussi de nous faire saisir ce qui compte, le fait d'être en vie ici et maintenant, en relation avec ceux dont nous procédons, même quand cette relation est attaquée par la maladie. Anna Dubosc invente une façon de parler de la douleur et de la plénitude qui est sa façon de les connaître, et qui, chez elle, est une marque de filiation : celle du sang et celle de l'écriture.
Améliorer la fiche

Expériences livresques

Qu’en avez-vous pensé ?