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À présent qu’ils ont franchi le seuil, j’imagine ce vieil homme et cette vieille femme se retrouvant au fond du grand Jardin, délivrés de leur longue fatigue, oublieux de la laideur de leur nudité, gourmands de pêches, de poires et de melons, près de l’arbre à désir, à savoir et à poèmes. Mon père et ma mère veillant sur les fruits profonds de la nuit, avec des rires et des baisers, de toute leur enfance restée vive, ébouriffant la cendre, leur amour à tout jamais ayant le dernier mot. Dans cette Hirondelle rouge, dont le titre fait écho aux toiles oniriques de Joan Miró (L’Hirondelle éblouie par l’éclat de la prunelle rouge), Jean-Michel Maulpoix évoque avec beaucoup de pudeur ses parents disparus. En des tableaux très courts, il dresse d'eux des portraits fragmentaires et intimes. Comment continuer à vivre et à écrire, telles sont les questions que pose le fils et que tente de résoudre le poète. «Qu’opposer d'autre à la nuit que la phrase muette du désir ?» Avec une prose poétique inimitable, Jean-Michel Maulpoix livre un récit qui tient autant du tombeau que de l’autobiographie, où l’écriture, la vie et la mort sont étroitement mêlées.s.
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