Michel Butor

Déménagements de la littérature
(Presses Sorbonne Nouvelle)
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A dix-neuf ans, il publie son premier poème, Hommage partiel à Max Ernst, dont il a vu les oeuvres à la Galerie Rive Gauche ; à vingt et un ans, il écrit son premier essai qui invite à une «Petite croisière préliminaire à une reconnaissance de l'archipel Joyce» ; à vingt-trois ans, il effectue avec Lucien Goldmann sa première traduction, celle de Brève Histoire de la littérature allemande de Lukacs; à vingt-quatre ans, il commence son premier roman, Passage de Milan, qui paraît en 1954 chez Minuit.
C'est dire que Michel Butor aura d'emblée abordé tous les terrains et qu'il n'aura cessé d'écrire sur tous les tons, de hanter l'entre-genres et l'entre-temps, pratiquant le roman comme recherche, la langue comme alchimie, la critique d'art comme dialogue, l'essai comme opéra, le livre comme la composition sémique des corps et des voix lettrés.
Aujourd'hui, à quatre-vingt ans - date anniversaire que l'université de la Sorbonne nouvelle-Paris 3 et la Bibliothèque nationale de France ont voulu marquer par le colloque «Michel Butor : Déménagements de la littérature» qui s'est tenu sur le «Site François Mitterrand» du 19 au 21 octobre 2006 -, aujourd'hui donc, Michel Butor signe, avec près de 1500 titres, une oeuvre polymorphe et constellaire d'une ampleur sans précédent. Une oeuvre qui exige de la littérature qu'elle ne cesse de déménager et ses lecteurs avec elle : vers d'autres formes et registres que ceux qui lui sont conventionnellement assignés de représentation et d'édification. Vers des modes d'appréhension de l'intelligence sensible qui incitent à des factures nouvelles. A déconstruire les assurances du savoir. Michel Butor fait une oeuvre-devenir : plus qu'un mobile, la mobilité même.
C'est donc à l'enseigne du déménagement que se sont réunis, dans le Petit Auditorium de la BNF, autour de Michel Butor à la présence attentive et généreuse, des écrivains et des universitaires, des peintres, musiciens, cinéastes et critiques d'art qui ont exploré ensemble l'espace ouvrier et symphonique de l'Oeuvre-Butor.
C'est un déménagement en toutes conséquences qui meut l'écriture de celui qu'on tenta d'abord de ranger du côté du «Nouveau roman» alors qu'il avait déjà fait du roman un vertigineux Mobile perpetuum; puis on tenta de le ranger comme essayiste alors qu'il avait irrémédiablement remplacé la lecture à la ligne par des «trajets en étoile» ; puis on le rangea comme autobiographe alors qu'il déclare depuis toujours pratiquer une géographie littéraire, une mosaïque des textes et des images, et qu'il collecte les citations non pas en érudit mais en chiffonnier-poète, visionnaire, ivre, à l'instar de Baudelaire, de «glorieux projets».
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