Penser après Auschwitz

(Éditions du Cerf)
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" La foi religieuse a subi le traumatisme des événements contemporains. Mais c'est la foi religieuse juive qui a subi le plus grand traumatisme. Le peuple juif a été le premier à affirmer le Dieu de l'histoire. Il a soutenu avec ce Dieu, pour lui-même et pendant près de quatre mille ans, une relation unique, ne fût-ce que parce qu'il dépendait de Lui pour sa survie. Pourtant, aujourd'hui, il semble qu'au moment même où d'autres croyants trouvent des motifs de rejeter le Dieu de l'histoire, le juif, lui, n'en a rien moins que l'obligation. A Auschwitz, les juifs ont été massacrés, non pour avoir désobéi au Dieu de l'histoire, mais plutôt parce que leurs grands-parents Lui avaient obéi. Ils Lui avaient obéi en faisant de leurs enfants des enfants juifs. Un juif d'aujourd'hui peut-il encore continuer à obéir au Dieu de l'histoire et ainsi s'exposer au danger d'un second Auschwitz, exposer ses enfants et les enfants de ses enfants ? Jamais dans l'histoire juive ou en dehors d'elle des hommes n'ont eu nulle part des motifs aussi terribles, aussi horribles, de tourner le dos au Dieu de l'histoire.
" Et pourtant, avant de franchir ce pas sans précédent en quatre mille ans de foi juive, un juif croyant doit s'arrêter un moment, un long moment. Tout au long de son existence, Israël est resté lié au Dieu de l'histoire ; tout au long de son existence, c'est ce Dieu de l'histoire ou, en tout cas, la foi juive en Lui, qui a gardé Israël. Est-il vraisemblable que la raison critique suffise à détruire cette foi alors que l'histoire juive est riche en penseurs de la raison ? Est-il sûr, sans plus ample analyse, que les catastrophes de notre temps soient assez puissantes pour disposer de ce Dieu alors que la foi juive a survécu à tant de tragédies ? Avant de juger ou de rejeter la foi juive, il faut se mettre avec sérieux à son écoute. "
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